Pierres parlantes : pour une architecture anti-coloniale

29-21/08, 2-4/09/2018

Le projet « Pierres parlantes » explore les effets de la politique coloniale israélienne d’apartheid dans les villes d’Acres et d’Hébron, à partir des récits et des pratiques en lien avec la mémoire des lieux, les appartenances multiples, les expériences de l’exil et les aspirations au retour en Palestine, durant la « 16ème Exposition Internationale d’Architecture – Biennale de Venise 2018 : Espaces libres ».
Il est initié par l’Institut des Humanités MedFil grâce à la participation de partenaires vénitiens (Pas-e et Biennale Urbana) et internationaux (Riwaq en Palestine et d’autres). L’équipe travaille avec un groupe de bénévoles en Palestine, composé d’étudiant·e·s, de jeunes travailleur·se·s, d’architectes, d’artistes et d’habitant·e·s, en collaboration avec des participant·e·s italien·ne·s.
Il donne lieu à deux workshops, Studio Palestine du 29 au 31 août au studio Pas-e, Cannaregio 3561, Venise et Topographies, du 2 au 4 septembre suivi d’une exposition du 10 septembre au 15 novembre 2018 dans le cadre du programme Lieux infinis d’Esperienza Pepe et Biennale Urbana à Caserma Pepe sur l’île du Lido.

Le projet explore les effets de la politique coloniale israélienne d’apartheid dans les villes d’Acres et d’Hébron depuis 1948. Il analyse les dimensions culturelles et de la production de l’espace sous l’occupation, là où la mémoire collective et l’architecture se rencontrent. Le questionnement de cet espace-temps suit différentes modalités : la réalisation d’une maquette d’un quartier d’Hébron ainsi qu’une cartographie des villes, et d’interviews audio et vidéo avec d’ancien·ne·s habitant·e·s, de photographies des lieux et des ruines, et d’une collection des arts populaires, des artisanats et des matériaux bruts. Ces différentes modalités de réalisation visent à ouvrir les frontières rigides entre chercheur·se·s et étudiant·e·s, entre artistes professionnel·le·s, architectes, documentaristes et public, pour éviter la situation du spectacle au profit d’une expérimentation où aucun point de vue subjectif n’est exclu.

La colonisation affecte la mémoire collective et l’espace public. À ces niveaux, le peuple palestinien a souffert et souffre toujours d’un processus multiple de « déconstruction » : plusieurs échelles de destruction y concourent, dans la fragmentation des territoires, la colonisation par les civils et l’occupation militaire qui ont enfermée une société entière derrière des murs et des postes de contrôle, l’exil forcé et la vie dans les camps de réfugié·e·s depuis 70 ans.
Ce projet s’inscrit dans un mouvement opposé à cette déconstruction mortifiante, et vise à « construire » les conditions de possibilité à penser un avenir, à partir de la résistance aux ruines du présent, telle qu’elle existe dans la culture et la vie quotidienne. La démarche consiste d’une part à créer une continuité et une attitude orientée vers l’avenir, là où l’occupation a entraîné la fragmentation et l’épuisement. De l’autre, à interroger le sens d’une architecture décoloniale, dans la reconstruction des maisons qui ont été détruites, la réparation des monuments historiques abandonnés, des lieux de culte et des espaces de socialisation.


Topographies
Workshop
29-31 août 2018
Studio Pas-e
Cannaregio 3561 – Venise

Les topographies se mesurent à l’architecture dans une perspective temporelle, et à une dimension immatérielle et affective de l’espace, où l’espace est en interaction avec la mémoire subjective et collective.
Le projet, un work-in-progress nomade, donnera lieu à un travail de composition sonore, orienté vers la création sonore et la création musicale et ses éléments de la voix et du chant, la musique traditionnelle du Moyen-Orient, où la voix a une grande importance, la musique contemporaine, les créations sonores des participant·e·s, les récits collectifs, contes, et poésie… En utilisant des archives sonores aussi bien que de nouvelles réalisations, il est possible de construire une topographie géographique mais aussi historique, les deux à la fois. La morphologie des territoires correspond aux enregistrements sonores. Dans ce voyage intime d’écoute (de l’autre) réside l’usage politique du langage, des voix se matérialisent, des sons circulent dans les espaces de vie, des silences protègent l’inexprimable. De même que dans la musique, la composition est un élément nécessaire de l’architecture, où s’expriment des différences.
Nous élaborerons un parcours, un circuit double qui va de la collecte et l’enregistrement des récits et de leurs contextes, à la réalisation d’une cartographie décrivant les lieux, situant des récits, des documents d’archives, et des images, où ce parcours se matérialisera dans une constellation composée de tous ces éléments en une nouvelle géographie : une collection de récits oraux et visuels qui reflètent la vie quotidienne, les lieux de vie, de travail, de passage et de mémoire, la musique (archives radiophoniques et créations sonores, voix, chants, bruits d’ambiance, morceaux de musique, entretiens et conversations, etc.) collectés.


Studio Palestine
2-4 septembre 2018
Caserma Pepe – Lido de Venise

1948, une date charnière dans l’histoire moderne du peuple palestinien, est aussi la date de la création de l’État d’Israël sur les ruines de la société palestinienne. Les Palestinien·ne·s identifient cette date au jour d’une catastrophe, Al-Nakba, qui a détruit l’infrastructure culturelle, architecturale et sociétale de la Palestine historique. Al-Nakba est un traumatisme collectif, un lieu de mémoire pour toute une communauté et une matrice d’un récit politique nationaliste naissant.
La destruction des maisons palestiniennes et des modes de vie traditionnels, combinée à l’arrachement et la situation brutale de déracinement et de perte des origines, s’est matérialisée par l’accumulation de réfugié·e·s exilé·e·s dans des camps éloignés et au coeur de la Palestine historique. Le camp est devenu « l’autre soi » de la colonie israélienne construite sur le territoire des villes et des villages détruits, se transformant en un miroir d’une Palestine absorbée par Israël. En outre, grâce au développement d’une conscience nationale, les réfugié·e·s palestinien·ne·s apatrides, ont puisé dans la littérature populaire et scientifique de la Nakba pour construire un avenir de la Palestine perdue.
Studio Palestine explorera l’architecture de l’occupation et son développement historique au cours des dernières décennies dans la ville d’Hébron. Un modèle d’un quartier de la ville sera réalisé sur place et des récits de la vie quotidienne de la ville et les luttes se créeront à travers des images et des dessins réunis autour de la problématique de la production de l’espace et ses conséquences, l’héritage monumentaire et patrimonial ainsi que la transformation des itinéraires et des quartiers depuis 1948, à travers la cartographie.

Terre aimée
Nuit du 3 septembre 2018
Rétrospective de films documentaires


Coordination :
Marina Nebbiolo (Institut des Humanités MedFil) | blueno-log.org
Victor Nebbiolo di Castri and Valeria Zane (Pas-e) | infopas-e.org
Andrea Curtoni et Giulia Mazzorin (Biennale Urbana) | infobiennaleurbana.com
Lorenzo Romito (Stalker/ON Rome) | lorenzo.romitogmail.com

Institut des Humanités MedFil (France-Palestine) | http://medfil.org
Pas-e (Italie) | https://pas-e.org
Biennale Urbana (Italie) | https://biennaleurbana.com
Riwaq (Palestine) | https://riwaq.org
Arab Youth Association Haifa (Israël) | http://momken.org
NGO Zochrot (Israël) | https://zochrot.org
Le 6b Saint Denis (France) | https://le6b.fr