Le Groupe d’études politiques en réseaux a été créé en 2016 en une rencontre de chercheur·e·s, jeunes chercheur·e·s, artistes, écrivain·e·s, aux croisements des recherches individuelles et collectives, et des mouvements sociaux et des études et la recherche.
En 2017, il initie dans le cadre d’une convention de formation-recherche de l’université Paris 8 un cycle de rencontres d’enseignant·e·s, chercheur·e·s et jeunes chercheur·e·s d’universités et organismes de recherche kurde et iranien, palestinien, français, nord et sud-américains réunis par le motif d’un questionnement épistémologique et politique des frontières géographiques et disciplinaires.
Les temps de la démarche peuvent être résumés en : 1. une réflexion sur l’émancipation et les politiques des savoirs et de la traduction, qui trouve sa source et ses expressions dans la co-présence du processus de la recherche à travers les frontières géographiques et disciplinaires, et les appropriations du projet d’émancipation moderne et ses déplacements ; 2. une étude des généalogies coloniales de l’État-nation et des formes contemporaines de la violence selon des perspectives inter- et transdisciplinaires orientées par les pensées féministes et du genre, des subalternités, et les pensées décoloniales ; 3. une recherche poïetique qui va d’une réflexion sur les temporalités et les subjectivités politiques à une production d’énoncés de la mémoire ouverts sur le présent.
1. Une réflexion sur l’émancipation et les politiques des savoirs et de la traduction :
Cette réflexion se déploie dans le temps de la démarche rythmée par les contributions des théoricien·ne·s, traducteur·trice·s, philosophes et sociologues M. Farhadpour (« La pensée comme traduction », 2016 et « L’émancipation avec et sans Marx », 2020), R. Ivéković (« Souverainetés nationales et traduction. Vers une justice cognitive. Décentrements en intersectionnalité », 2017), P. Bacchetta (« Intersectionnalités : état de la recherche », 2018), R. Abdulhadi (« Quels récits ? Savoirs situés et critique de la recherche », 2021).
L’engagement à cette étape est accompagné par différents travaux de traduction, tels que du Discours de l’indien rouge de M. Darwich, Rêver sous le IIIème Reich de C. Beradt, Le maître ignorant de J. Rancière, L’éternité par les astres de L.-A. Blanqui (en cours), et rencontres autour des courants des pédagogies alternatives, la socioanalyse et l’analyse institutionnelle avec les socioanalystes V. Schaepelynck et N. El Khatib (« Qu’est-ce qu’un groupe, une organisation, une institution ? », 2018), le sociologue de l’art E. Sustam (« Nouveaux espaces d’émancipation », 2018), la poétesse et traductrice G. Sido (« Les savoirs et les langues dans le projet alternatif du Rojava », 2019).
2. Une étude des généalogies coloniales de l’État-nation et des formes contemporaines de la violence :
Cette démarche que nous référons en premier lieu au travail de la sociologue S. Dayan-Herzbrun se développe en un séminaire invitant des chercheur·e·s et jeunes chercheur·e·s des études kurdes et palestiniennes (« Études politiques en Palestine et Kurdistan », 2016-2018), et plusieurs journées d’études organisées entre le LLCP et Experice (« 1ère Journée transdisciplinaire : Violence et récit », 2016 ; « 2ème Journée transdisciplinaire : Exilé·e·s, déplacé·e·s, réfugié·e·s, et prisonnièr·e·s politiques », 2017 et « 3ème Journée transdisciplinaire : Violence et récit II », 2018), puis en un questionnement des notions de peuple, État, nation, de localités et diasporas en Palestine, au Kurdistan et au Cachemire (Journées d’études « Peuples sans État » I et II, 2021), ainsi que plusieurs conférences qui les réouvrent par-delà ces régions avec les contributions des philosophes et sociologues S. Dayan-Herzbrun, N. El Khatib, E. Mezra, E. Bronstein Aparicio, R. Abdulhadi, A. Stoler, N. Shalhoub-Kevorkian, N. Guénif-Souilamas, S. Saleh, H. Bozarslan, E. Sustam, M. Tayfuri, S. Ay, R. Alaç, S. Saeed, S. Saadi, H. Dar, S. Rabinovich, M. Farhadpour, P. Bacchetta, C. Rial, M. Grossi. Ces études poursuivent une critique de l’État, du nationalisme et du colonialisme en investissant les théories du point de vue dans la philosophie et la théorie politique, l’analyse sociologique et l’histoire mais aussi dans les langages littéraires et en art.
3. Une recherche poïétique de remémoration et de création :
Elles ouvrent aux explorations de la mémoire et de l’archive, relayant sur des approches en création avec deux workshops publics, l’un à Paris au terme d’une année de sessions mensuelles de réalisation radiophonique (« Voix vives, ou l’histoire orale du présent », 2018), et l’autre à Venise préfigurant un projet de cartographie de la mémoire des lieux en Palestine (« Pierres parlantes : pour une architecture anticoloniale », 2018), ainsi qu’une journée d’études sur l’art comme utopie (« 4ème Journée transdisciplinaire : art, philosophie, politique à travers les frontières », 2019).
Cette recherche poïétique entre remémoration et création se trouve dans les contributions de la sociologue et théoricienne P. Bacchetta (« Re-présences de Gloria Anzaldúa », 2018 et « Re-présences. Trois moments de réflexion », 2021), du militant O. Scalzone (« L’archive et la question de la parrêsia », 2018 ; « Retours d’histoire », 2019 ; « Socioanalyse narrative », 2020), de l’écrivain N. Valentino autour d’Il sogni di Palmi (Sensibili alle foglie, 2011), de la philosophe et traductrice S. Rabinovich avec Retornos del Discurso del indio (para Mahmoud Darwich) (IIF-UNAM/Apofis, 2017), et de la sociologue R. Abdulhadi dans le rappel constant des dates et des lieux de l’histoire des solidarités internationales.
Elle donne aussi lieu à deux séminaires consécutifs en quatre années (« Temporalités, subjectivités, politique » 2018-2020, et « Rêves » 2020-2022) ainsi qu’une journée d’études (« Au-delà de l’archive », 2021) soutenus par le LLCP et l’École universitaire de recherche (EUR) ArTeC.
Expressions, inscriptions et continuités de la formation-recherche :
La démarche est accompagnée de l’édition d’un journal en ligne, avec la création d’un serveur de diffusion radiophonique en direct et d’archives enregistrées sur Internet.
Elle donne lieu à des continuités et des invitations lors des initiatives du programme « Teaching Palestine: pedagogical praxis and the indivisibility of justice in Palestine » en 2018 et cycle de classes ouvertes en ligne dirigés par la sociologue R. Abdulhadi entre les Universités de San Francisco et de Birzeit ; du « 2e Colloquio internacional Heteronomías de la justicia. Territorialidades y palabras nòmadas » coordonné par la philosophe S. Rabinovich à l’Université nationale autonome du Mexique en 2019 ; du cycle de rencontres « People coming from nowhere » impulsé à l’Université du Rojava par l’écrivain M. Tayfuri et l’artiste et M. Ivanović en 2020-2021 ; du projet collectif de l’exposition « Bê Welat » porté par le sociologue de l’art E. Sustam à la nGbK à Berlin en 2021 ; de la « Conférence internationale en soutien aux universités du Rojava » présidée par les sociologues E. Sustam et H. Baghali à Paris en 2022 ; du séminaire en ligne d’anthropologie des rêves « Red de la vida onírica » animé par l’anthropologue G. Orobitg Canal à l’Université de Barcelone en 2022.