Critique de l’État II : la critique de l’État-nation au regard de la critique féministe et du genre

2/02/2018


Critique de l’État II : la critique de l’État-nation au regard de la critique féministe et du genre
2 février 2018
13h00-16h00 | Salle G-2
Université Paris 8
2, Rue de la Liberté – 93526 Saint-Denis

 

Sonia Dayan-Herzbrun (Paris 7 / Institut des Humanités Medfil) :
« La masculinité comme catégorie politique de domination »

Dans un texte désormais classique l’historienne américaine Joan Scott a défini le genre, qu’elle distingue soigneusement du « sexe biologique » comme « une façon première de signifier des rapports de pouvoir », constitutive selon elle des rapports sociaux fondés sur des différences perçues. Il implique selon elle quatre séries d’éléments : premièrement des symboles et des représentations symboliques culturellement disponibles, deuxièmement des concepts normatifs, troisièmement une notion du politique en référence aux institutions et à l’organisation sociale, et enfin ce qui relève de l’identité subjective. Le genre renvoie donc aux relations du masculin et du féminin, à « un champ premier au sein duquel, ou par le moyen duquel le pouvoir est articulé ». On peut extrapoler en faisant le constat, au sein de ce que l’on pourrait appeler une « anthropologie générale » que le masculin renvoie à la domination tandis que le féminin signifie et symbolise la soumission. Cette opposition binaire est donc une institution sociale, non un fait de nature. Elle peut donc être transgressée aux risques et périls de celles et ceux qui s’y hasardent. Les transgressions ne nous intéresseront que pour ce qu’elles nous apprennent de la réitération de la norme, sous ses multiples aspects. Le masculin se décline, en effet, sous différentes figures qui toutes renvoient à une image du pouvoir.

Eléni Varikas (CRESPPA-Paris 8) :
« Pour une théorie féministe du politique »

Est-il possible de relire les concepts, axiomes et présupposés qui ont longtemps servi à délégitimer l’exclusion, la soumission et l’obéissance, pour les mettre au service d’une redéfinition démocratique de la citoyenneté ? Concilier la complémentarité avec l’autonomie individuelle et l’autodéfinition des femmes ? Transformer la métaphore du « corps politique » en métaphore d’un pouvoir divisé ? Le principal avantage de cette métaphore est précisément qu’elle exclut d’emblée la multiplicité. Un corps androgyne, un corps à deux sexes, aux traits caractéristiques variés et aux couleurs différentes est par définition monstrueux : voilà le message que transmet depuis des siècles ce corps gigantesque que les modernes ont inventé pour neutraliser le danger de « la multitude à plusieurs têtes ». Selon ce message, un pouvoir divisible est monstrueux en ce qu’il conduit par définition à la guerre et à l’anarchie. « Nul ne peut obéir à deux maîtres », a dit pendant des siècles ce corps géant, non seulement aux femmes mais aussi aux « hommes de couleur », aux immigrés, aux étrangers, aux nomades, à tous ceux qui prétendent participer à ce qui est commun, à la chose publique.

Rencontre en solidarité avec les prisonniè·re·s politiques palestinien·ne·s
Avec Assia Zaino (Université Paris 8)

L’actualité de la question des prisonnièr·e·s politiques a fait surgir celle des possibilités et des ressources de résistance à toutes les formes d’enfermement et d’impasse liées aux conditions du politique.
L’initiative de cette rencontre est inspirée par et l’une des suites d’une rencontre avec les recherches d’Assia Zaino sur les prisons israéliennes, avec la présentation de l’ouvrage « Des hommes et des femmes entre les murs, Comment la prison façonne la vie des palestinien-ne-s » (Agone 2016), de Sarah Caunes sur les luttes et les mobilisations des prisonniè·re·s enfermé·e·s à l’intérieur des prisons turques, et de Valentin Schaepelynck sur l’histoire de l’analyse institutionnelle. Elle réfléchit les initiatives collectives de solidarité avec les prisonnièr·e·s politiques en Turquie depuis le coup d’État du 19 juillet 2016 enchaînant sur une répression de masse, et le référendum du 16 avril 2017 conférant tous pouvoirs de l’exécutif au président turc Recep Tayyip Erdoğan. Elle réfléchit les situations d’ami·e·s emprisonné·e·s en Iran, passé·e·s ou encore vivant dans l’un des nombreux camps à l’intérieur ou à l’extérieur de la forteresse Europe, ou bien en Proche-Orient. Elle est une expression de notre solidarités avec les habitant·e·s de Nabi Saleh.


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